— Millionnaire, homme politique, défenseur des blancs et des noirs, car l’indigène, c’est Tartass qui vous le dit, est encore moins crapule que nous autres, voilà comment, après dix-neuf ans d’exil, je me présenterai bientôt à la ville de Paris.
— Eh bien ! au revoir, lui dis-je.
Il reprit sa bécane.
— Je serai élu, c’est peu de chose, c’est Tartass qui vous le dit. Ça va ! Ça va ! Je suis content ! bien content !
— Tartass ne vous a pas menti, me dirent, le soir même, les notables de Bamako. Il est en effet millionnaire, et nous le présentons à l’élection de délégué. Hélas ! nous n’avons pas grand espoir. La colonie ne comprend plus la plaisanterie. Autrefois il eût passé triomphalement, mais autrefois on avait de l’esprit et nous savions nous amuser. Enfin, attendons ! Ne pourriez-vous nous aider dans cette petite fantaisie ?
Le lendemain, je quittais Bamako. J’allais courir le Soudan et la Haute-Volta. On pouvait voir derrière mon automobile un large calicot blanc.
Il était écrit dessus :
ÇA VA ! ÇA VA !