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TERRE D’ÉBÈNE

Ahmadou faisait le bandit. C’était la chasse aux cabèches. La région de Ségou était devenue un grand boulodrome. Les têtes roulaient toute l’année comme des boules le jour d’un concours. Il fut le plus grand bouliste de son époque !

Nous, nous étions beaucoup plus bas, pêchant dans le fleuve Sénégal. Ces têtes venaient finir de rouler entre nos jambes. En tombant à l’eau, elles effrayaient le poisson. La situation devenait intolérable ! On laissa les lignes, on prit le fusil.

Le gouverneur du Sénégal était Brière de l’Isle. « Pas si vite, dit-il aux soldats-pêcheurs. Posez vos flingots, je vais envoyer quelqu’un au sieur Ahmadou, qui lui dira deux mots. » Il lui expédia Paul Soleillet. Ahmadou fut gentleman. Il offrit du bangui à notre ambassadeur. L’ambassadeur le but. Mais il lui offrit de la viande ! Méfiant, l’ambassadeur refusa. La conversation s’en trouva rompue. M. Soleillet revint.

Les têtes continuèrent de rouler.

Quoique quelques-unes continssent de ces petits vers bien connus des poissons, les pêcheurs se fâchèrent. Et cette fois, Brière de l’Isle dit : « Je vais lui dépêcher le capitaine Gallieni. Il parlera plus sec. » Gallieni partit. Ahmadou l’immobilisa dans un tata ! Ce ne fut pas que l’on craignît beaucoup pour notre envoyé ; l’illustre