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Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/69

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TERRE D’ÉBÈNE

sa tombe, j’ai mis seulement : Henri ! Si le sable n’a tout recouvert, pourriez-vous… »

Robert tout court. Henri tout court. André tout court. Le calendrier y passa tout entier depuis longtemps et plusieurs fois !

Les métis ! Les mulots !

Les tout-petits tétent leur négresse de mère.

Le père est là ou n’y est pas. C’est un fonctionnaire, un commerçant, un officier ; c’est un passant. S’il est là, ce ne sera pas pour longtemps. S’il est absent, ce sera sans doute pour toujours. L’enfant grandira dans la case, la maman nègre étant retournée chez les parents. Le reste du village le regardera comme un paria, se demandant pourquoi ce téte-lait mangera plus tard leur mil. Aucune raison sociale n’interviendra dans ce jugement sommaire. La dépréciation sera instinctive, ni blanc ni noir, alors rien du tout ! La maman se remariera avec un Mandingue. Ses petits frères, eux, auront une race, une famille, une patrie : ils seront noirs. Le mulot sera mulot. Il n’aura pas de nom, pas de base, pas de sol à lui où poser ses pieds. Jusqu’au sein qu’il suce qui n’est qu’un cinquante pour cent de lui-même. Il passera sa vie à chercher sa seconde moitié. Quand on les voit, jeunes enfants, ils n’ont pas l’air d’aplomb ; ils penchent tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Ce sont les laissés pour compte d’un tailleur trop