CHAPITRE II
recherche du bonheur
ar une journée du mois de mai, un bateau
lourdement chargé, monté par des bateliers
acadiens, après avoir dépassé les rives
de l’Ohio, la Belle-Rivière, descendait le large et
rapide Mississipi. C’était une troupe d’exilés qui,
après avoir été dispersés le long des côtes, s’étaient
réunis par la communauté de foi et de malheur, et
voyageaient maintenant de compagnie. Ils allaient
à la recherche de leurs parents et de leurs amis,
qu’une vague espérance leur faisait supposer être
parmi les humbles cultivateurs répandus sur les
côtes de la Louisiane ou dans les prairies fertiles des
belles Opelousas,
Avec eux se trouvaient Évangéline et son guide, le père Félicien. Ils avançaient ainsi au milieu des sables mouvants, à travers des solitudes qu’assombrissaient de noires forêts ; puis, la nuit, la troupe