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évangéline

campait auprès des feux allumés sur le bord du fleuve tumultueux.

Le spectacle qui s’offrait à leurs yeux était réellement ravissant ; tantôt emportés par le courant, ils côtoyaient des îles verdoyantes où les cotonniers balançaient comme des panaches leurs cimes légères ; tantôt ils traversaient de larges lagunes où, sur le sable argenté du rivage, étaient couchées de grandes troupes de pélicans au plumage blanc comme la neige. Plus loin, s’élevaient, au milieu de magnifiques jardins, les maisons des planteurs avec leurs colombiers, et les cases des nègres ombragées par des arbres de Chine.

Ils approchaient de la région où règne un été perpétuel ; là où le fleuve, s’infléchissant vers l’est, traverse la Côte-d’Or, parmi les bosquets de citronniers et d’orangers. Les voyageurs, changeant eux-mêmes de direction, entrèrent dans la rivière de Plaquemine, et s’égarèrent presque aussitôt dans un labyrinthe de marécages et d’eaux dormantes s’étendant dans toutes les directions. Au-dessus de leurs têtes, les branches des cyprès formaient une arche sombre, où les mousses traînantes étaient suspendues comme les bannières qui ornent la voûte des anciennes cathédrales. Le silence de mort, qui régnait