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ÉVANGÉLINE

À ces mots que Basile aux proscrits adressa
Sur le front de la vierge un nuage passa ;
Son œil noir se remplit d’une larme brûlante,
Puis elle s’écria d’une voix déchirante :
« Gabriel, ô mon Dieu ! Gabriel est parti ! »
Son cœur dans le chagrin parut anéanti,
Et les échos du soir, tout à tour murmurèrent :
« Gabriel est parti ! » Les exilés pleurèrent.
Le vieux pâtre Basile avec bonté reprit :
— « Ne laisse point le trouble agiter ton esprit ;
« Sèche tes pleurs amers ; enfant, reprends courage ;
« Gabriel n’est pas loin de notre heureux rivage :
« Ce n’est que ce matin qu’il est parti d’ici,
« Le sot ! d’avoir laissé nos demeures ainsi !
« Toujours triste et rêveur, maladif et débile,
« Il était devenu d’une humeur difficile ;
« Il haïssait le monde et n’endurait que moi ;
« Il ne parlait jamais, ou bien parlait de toi.