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ÉVANGÉLINE

« Dans les cantons voisins aucune jeune fille
« Ne semblait, à ses yeux, vertueuse ou gentille ;
« Aussi leur devint-il un objet de terreur.
« Je résolus enfin, mais non pas sans douleur,
« De le laisser partir pour un lointain voyage.
« Il doit se procurer, dans un petit village,
« Des mulets espagnols aux pieds sûrs et mordants ;
« Il doit suivre, de là, sous des cieux moins ardents,
« Les sauvages du nord dans leurs forêts profondes ;
« Ils vont chasser, partout, le castor dans les ondes,
« Et la bête féroce au fond des bois épais.
« Calme-toi mon enfant, et goûte encor la paix ;
« Nous saurons retrouver cet amant téméraire.
« Son perfide canot a le courant contraire.
« Demain nous partirons sitôt que le matin
« Versera sur les eaux un reflet incertain :
« Gaiment nous voguerons sur la vague irisée,
« Près des bols scintillants sous la molle rosée ;