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ÉVANGÉLINE

Et c’était sa prière au puissant et bon Maître
Qui veillait sur ses jours après l’avoir fait naître.
Mais l’âme de la vierge élevait vers les cieux
Un arôme plus pur et plus délicieux
Que celui qu’épanchait la fleur de la prairie ;
Et moins qu’elle pourtant la fleur était flétrie !


Elle se dirigea vers le fond du jardin :
Combien d’émotions troublaient son chaste sein !
La lune qui noyait les bois, l’onde et le sable,
Semblait, d’une langueur morne, indéfinissable,
Noyer aussi son âme. Alors tout se taisait
Et dans l’immense plaine, au loin, tout reposait,
Hors les mouches-à-feu, vivantes étincelles,
Qui tournoyaient dans l’air sur leurs rapides ailes,
Et trahissaient leur vol par un sillon de feu.
Au-dessus de son front, dans le fond du ciel bleu,