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ÉVANGÉLINE

Bien de tristes pensers et de chastes désirs
S’éveillaient dans son âme au bruit de ces plaisirs !
Les propos éveillés, la danse et la musique
La rendaient plus pensive et plus mélancolique.
Elle croyait alors ouïr les grandes voix
De l’océan plaintif ou des immenses bois.
Elle sortit sans bruit. La nuit était charmante,
Le vent ne soufflait point, et la lune dormante
Semblait s’être arrêtée au bord de la forêt,
Et recouvrir les troncs d’un lumineux duvet.
À travers les rameaux, sur la calme rivière,
Tombait, de place en place, un réseau de lumière,
Comme tombe un penser d’espérance et d’amour
Dans l’esprit qui se trouble et qui se ferme au jour.
Chaque fleur autour d’elle, ouvrant son brillant vase,
Sa corolle d’argent, sa coupe de topaze,
Exhalait, vers le ciel, humblement et sans bruit,
Un suave parfum sur l’aile de la nuit :