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ÉVANGÉLINE

Les pesants chariots de quelque caravane.
Au couchant l’Orégon roule une eau diaphane ;
De cascade en cascade, au loin vers le levant,
Le joli Nebraska verse son flot mouvant ;
Vers le ciel du midi maintes larges rivières,
Charriant, sans repos, les sables et les pierres,
Dans leurs lits balayés par le vent des déserts,
Coulent vers l’océan avec des bruits divers
Comme les sons d’un orgue ou d’une étrange lyre
Qu’une main fait vibrer dans un pieux délire.
Entre les flots d’azur de ces nombreux torrents
Qui dirigent leurs cours vers des cieux différents,
Se déroulent sans fin les superbes prairies,
Océan de gazon, mers ou plaines fleuries
Qui roulent sous le vent, et bercent au soleil,
La rose, le foin vert et l’amorphas vermeil.
Là, fiers ou courroucés, sur les flots de verdure,
Des troupeaux de bisons errent à l’aventure ;