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ÉVANGÉLINE

À force de travail et de rudes fatigues,
Éleva de ses mains de gigantesques digues
Qu’au retour du printemps on voyait s’entr’ouvrir,
Pour laisser l’océan s’élancer et courir
Sur le duvet des prés devenus son domaine.
Au couchant, au midi, jusqu’au loin dans la plaine
S’étendaient des vergers et des bouquets d’ormeaux,
Le lin vert balançait ses frêles chalumeaux
Et le blé jaunissant, ses tiges plus robustes ;
Vers le nord surgissaient mille sortes d’arbustes
Des bois mystérieux et de sombres halliers ;
Et, sur les hauts sommets des monts irréguliers,
De magiques brouillards, des brumes éclatantes,
Se paraient au soleil de couleurs inconstantes
Et semblaient admirer le vallon dans la paix
Sans oser cependant y descendre jamais.