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ÉVANGÉLINE

Il était là, gisant immobile et sans voix,
Son regard suspendu sur la petite croix
Qui se trouvait au pied de sa brûlante couche.
La fièvre d’un trait rouge environnait sa bouche,
On eût dit que la vie, ainsi que les Hébreux,
Avait mis sur sa porte un sang tout généreux
Pour que l’ange de mort retint son large glaive.
Ses pensers se perdaient dans un vague et long rêve ;
Un râle fatigant, court et précipité,
Soulevait sa poitrine avec rapidité ;
Ses yeux étaient couverts de nuages funèbres ;
Ses esprits se plongeaient en de lourdes ténèbres,
Ténèbres d’agonie et ténèbres de mort.
Au long cri que jeta la vierge en son transport,
Il sembla secouer sa morne léthargie
Et retrouver encor quelque reste de vie.
Alors il crut ouïr comme une voix du ciel,
Une voix qui disait : « Gabriel ! Gabriel !