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ÉVANGÉLINE

 « Je te retrouve enfin, et nous mourons ensemble ! »
Et cette voix vibrait, comme l’airain qui tremble.
Dans un songe, aussitôt, il vit, comme autrefois,
La terre d’Acadie et ses verdoyants bois,
Et ses ruisseaux d’argent, ses prés et ses villages,
Et le toit de son père au milieu des feuillages,
Et son Évangéline allant à son côté,
Dans toute sa jeunesse et toute sa beauté,
Sur la prairie en fleurs, ou le long des rivières !…
Des pleurs viennent mouiller ses débiles paupières…
Il entr’ouvre les yeux, les porte autour de lui :
La douce vision, hélas ! a déjà fui !
Mais auprès de sa couche, humble et mélancolique,
Il voit, agenouillée, une forme angélique,
Et c’est Évangéline !… Il veut dire son nom,
Mais sa langue ne peut murmurer qu’un vain son
Dans un dernier transport, il attache sur elle
Un regard où l’amour au désespoir se mêle ;