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ÉVANGÉLINE

Et des accents nouveaux, de magiques concerts
Paraissaient s’élever des bourgs et des déserts !
Des enfants qui jouaient les voix vives et nettes,
Les refrains sémillants des luisantes girouettes
Qui criaient dans les airs, sur les toits des donjons,
Les doux roucoulements des amoureux pigeons,
Les plaintes de la brise et les battements d’ailes
Des oiseaux qui volaient au-dessus des tourelles,
Tout n’était qu’harmonie, ivresse et pur amour !
Tout semblait du printemps annoncer le retour !
Sur le bord de la mer et des hautes collines
Le soleil argentait les limpides bruines ;
L’océan était d’or : les arbres des forêts
Berçant, avec orgueil, les chatoyants reflets
De leur manteau safran, ou pourpre, ou diaphane,
Étincelaient de loin comme le fier platane,
Quand le Perse idolâtre orne ses verts rameaux
De voiles éclatants et de brillants joyaux.