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ÉVANGÉLINE

Avait bien deviné qui venait avec lui.
— « Ah ! sois le bienvenu, Lajeunesse, aujourd’hui !
S’écria le fermier en le voyant paraître,
« La gaîté, quand tu viens, semble aussitôt renaître !…
« Veux-tu donc savourer un tabac généreux ?
« J’en ai plus qu’il t’en faut, et j’en suis fort heureux
« Prends au coin du foyer ta place accoutumée ;
« Et fumons en causant. C’est parmi la fumée,
« Qu’on voit dans leur orgueil se dessiner tes traits !
« Quand tu fumes, ton front, ton visage si frais
« Brillent comme la lune à travers les nuages
« Qui s’élèvent, le soir, au bord des marécages. »
Basile, souriant, suivi de son garçon
Au foyer plein de feu vint s’asseoir sans façon,
Et répondit ainsi : — « Mon cher Bellefontaine,
« Tu plaisantes toujours et n’as jamais de peine,
« D’autres sont obsédés de noirs pressentiments
« Et ne font que rêver malheurs et châtiments :