Page:Longfellow - Évangéline (traduction Léon Pamphile LeMay), 1870.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
ÉVANGÉLINE

Avec un rire franc mais un peu sarcastique
Le vieillard jovial à son ami réplique :
« Sans armes nous goûtons un plus profond repos,
« Au milieu de nos champs et de nos gras troupeaux ;
« Nous sommes mieux encor par derrière nos digues
« Que n’étaient autrefois nos ancêtres prodigues
« Dans leurs murs qu’ébréchaient les canons ennemis,
« D’ailleurs dans l’infortune il faut être soumis.
« J’espère cependant que ce soir la tristesse
« Fuira loin de ce toit où va régner l’ivresse.
« Car le contrat, ce soir, doit se conclure enfin
« Les jeunes gens, ensemble et d’une habile main,
« Ont bâti la maison et la grange au village.
« Le fenil est rempli de grain et de fourrage ;
« Pour un an leur foyer est pourvu d’aliments.
« Attends, mon cher Basile, encor quelques moments
« Et Leblanc va venir avec sa plume d’oie ;
« De nos heureux enfants partageons donc la joie. »