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ÉVANGÉLINE

Lui jadis si joyeux il est tout abattu !
Il paraît dépouillé de force et de vertu.
Parmi ses compagnons tristement il chemine ;
Il pleure en regardant sa chère Évangéline.
Puis elle, avec transport, se jette dans ses bras,
Le couvre de baisers, et s’attache à ses pas :
Mais sa voix adorable et sa vive tendresse
Du vieillard désolé calment peu la tristesse !
C’est alors que l’on vit, au bord des sombres flots,
Un spectacle navrant. Les grossiers matelots,
En entendant les cris des malheureuses femmes,
Plus gaîment replongeaient dans les ondes leurs rames :
Par d’horribles jurons les soldats insolents
Des prisonniers crintifs hâtaient les pas trop lents.
L’époux désespéré parcourait la pelouse,
Cherchant, de toutes part, sa malheureuse épouse.
Les mères appelaient leurs enfants égarés,
Et les petits enfants allaient, tout effarés.