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ÉVANGÉLINE

Pareils à des agneaux cherchant leurs tendres mères !
Femme, cesse tes pleurs et tes plaintes amères ;
Car tes pleurs seront vains et tes cris superflus !
Ton enfant bien-aimé tu ne le verras plus !
Et toi, petit enfant, tu commences la vie
Et déjà pour jamais ta mère t’est ravie !
On sépare, en effet, les femmes des maris ;
Les frères de leurs sœurs ; les pères de leurs fils.
Sur le sein de sa mère en vain l’enfant s’attache,
Aux baisers maternels un matelot l’arrache
Et l’emporte, en riant, jusqu’au fond du vaisseau.
Quels soupirs ! quels transports ! quels cris, ô Gasperau,
S’élevèrent alors de ta rive tranquille !
Le jeune Gabriel et son père Basile,
Sur deux vaisseaux divers, furent ainsi traînés,
Tandis qu’auprès des flots restèrent enchaînés
Benoît et son enfant, la douce Évangéline.
Le soleil disparut en dorant la bruine.