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ÉVANGÉLINE

Afin de réchauffer leurs membres engourdis
Plusieurs des paysans, parmi les plus hardis,
Allèrent amasser, sur le tuf de la rive,
Quelqu’épave venue au bord à la dérive,
Et firent de grand feux. Bientôt on put les voir
Qui venaient, tour à tour, sur des roches s’asseoir
Autour de ces brasiers aux vives étincelles.
L’on ouït encor, là, des menaces nouvelles,
Des lamentations et des gémissements.
Des enfants nouveau-nés les longs vagissements,
Les pleurs et les sanglots des vierges et des femmes,
Et les cris furieux des hommes dont les âmes
Sortaient soudainement d’une longue torpeur
Montèrent à la fois au trône du Seigneur.
Et parmi les soldats dédaigneux et farouches,
Sans craindre les jurons qui sortaient de leurs bouches,
Passait silencieux le bon Père Félix :
Et toujours dans sa main tenant le crucifix