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ÉVANGÉLINE

Il s’assit en silence auprès de l’humble vierge.
Et tous deux, bien longtemps, pleurèrent sur la berge.
Une lueur parut du côté du midi.
Quand de la lune d’août le disque ragrandi
S’élève, vers le soir, à l’horizon de brume.
Rouge comme du sang, tout l’espace s’allume.
Aux reflets argentés de l’astre de la nuit
Chaque brin de verdure et chaque feuille luit ;
La mer semble rouler des flammes au rivage,
Et l’on dirait qu’au loin brûle une vaste plage.
Telle on vit, vers le sud, dans cette nuit d’horreur,
S’élever et grandir l’effrayante lueur :
Le bourg semblait couvert d’un sanglant et lourd voile ;
Dans un ciel embrasé l’on vit pâlir l’étoile ;
Puis elle disparut comme devant le jour ;
Les coteaux, les forêts et les toits d’alentour
Reflétaient des clartés inconstantes et vagues ;
De sanglantes lueurs roulaient avec les vagues ;