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ÉVANGÉLINE

Sur le bord de la mer, près des flots écumants,
Les sables scintillaient comme des diamants,
Les voiles, les huniers des navires superbes
De feux aériens semblaient lancer des gerbes.
Le sol parut trembler ; il se fit un grand bruit
Que redirent longtemps les échos de la nuit ;
Et l’on vit s’écrouler, tout en feu, le village.
Comme un arbre puissant qu’abat, pendant l’orage,
Les carreaux de la foudre ou les fiers aquilons.
Une épaisse fumée, en sombres tourbillons,
S’éleva vers le ciel avec d’affreux murmures.
Les lambeaux enflammés du chaume des toitures,
Emportés dans les airs par au vent irrité,
Sillonnèrent longtemps l’ardente obscurité.
Les flammèches, la cendre, en brûlante poussière,
Tombèrent sur les flots de l’étroite rivière
Et sur la mer houleuse, avec le grondement
Du fer rouge qu’on plonge en l’eau subitement.