Page:Longfellow - Évangéline (traduction Léon Pamphile LeMay), 1870.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
AU LECTEUR

Qu’elle a donc été lamentable la destinée de ce pauvre petit peuple Acadien ! et par quel prodige subsiste-t-il encore, disséminé, il est vrai, mais toujours reconnaissable, toujours le même que le bon peuple chanté par Longfellow. Aujourd’hui les barrières qui nous séparaient de ce peuple sont tombées. Nous n’avons plus qu’une même patrie, le Canada. La Providence qui fait surgir les nations et qui les fait entrer dans le néant, a sans doute les yeux ouverts sur nous. Elle ne nous a pas dirigés pendant trois siècles à travers les écueils et les dangers de toutes sortes pour ensuite nous laisser périr tout-à-coup. Un peuple qui aime sa langue, sa foi et ses coutumes jusqu’au martyre peut bien être accablé, vaincu, tyrannisé, mais il ne saurait périr tout entier.

L. Pamphile Lemay.
Québec, 1er Juillet 1870.