Page:Longfellow - Évangéline (traduction Léon Pamphile LeMay), 1870.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
ÉVANGÉLINE

La cloche du hameau ne sonna point le glas ;
Mais le peuple gémit. La mer avec éclats
Répondit, à l’instant, à ses plaintes funèbres.
On aurait dit entendre, au milieu des ténèbres,
Les versets alternés, graves et solennels
Des moines à genoux devant les saints autels.
Or ce fracas de l’onde annonçait la marée.
Chaque barque du bord aussitôt démarrée,
Bondit légèrement et glissa sur les flots.
Les soldats au cœur dur, les sales matelots
Reprirent, tout joyeux, leur odieuse tâche,
Et chantant, et sifflant, et ramant sans relâche,
Ils eurent bientôt mis sur le pont des vaisseaux
Les colons qui restaient au bord des vastes eaux.
Des vents impétueux dans les haubans sifflèrent ;
L’océan reflua ; les voiles se gonflèrent,
Et les vaisseaux, hissant leurs brillants pavillons,
Ouvrirent, dans les flots, de bouillonnants sillons !