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Page:Longfellow - Évangéline (traduction Léon Pamphile LeMay), 1870.djvu/94

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ÉVANGÉLINE

La brise fit voguer les vaisseaux d’Albion
Qui traînaient en exil toute une nation !


Les pauvres Acadiens, sur de lointaines plages,
Furent disséminés comme les fruits sauvages
Qui tombent d’un rameau que l’orage a cassé,
Ou les flocons de neige alors qu’un vent glacé
Agite les brouillards qui voilent Terre Neuve
Ou les bords escarpés du gigantesque fleuve
Qui roule au Canada ses flots audacieux.
Sans amis, sans foyers, sous de rigides cieux
Ils errèrent longtemps de village en village,
Depuis les régions où l’impur marécage,
Où la tiède savanne, au milieu des roseaux,
Sous un soleil brûlant laissent dormir leurs eaux,
Jusqu’à ces lacs du Nord dont les rives désertes
Sont de neige et de fleurs tour à tour recouvertes ;