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ÉVANGÉLINE

Depuis les océans jusqu’au plateau lointain
Où, le Père des eaux dans ses bras prend soudain
Les collines de sable et dans la mer les pousse,
Avec les frais débris de liane et de mousse,
Pour recouvrir les os de l’antique mammouth,
Ne trouvant nulle part ce qu’ils cherchaient partout :
La pitié d’un ami, le toit sacré d’un hôte !
Et plusieurs, sans parler, cheminaient côte à côte ;
Ils ne recherchaient plus le loyer d’un ami :
Leur âme désolée avait assez gémi :
Ils demandaient, ceux-là, la paix à la poussière.
Leur histoire est écrite en plus d’un cimetière,
Sur la pierre ou la croix qui couvre leurs tombeaux.
Or parmi ces captifs qui traînaient de leurs maux,
Sous des cieux étrangers, la chaîne douloureuse,
On vit errer longtemps une enfant malheureuse.
Elle était jeune encore, et son grand œil rêveur
Semblait toujours fixé sur un monde meilleur.