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ÉVANGÉLINE

Oui, la pauvre proscrite, elle était jeune et belle !
Mais hélas ! bien affreux s’étendaient devant elle
Le désert de la vie et ses âpres sentiers
Tout bordés des tombeaux de ceux qui les premiers
Fléchirent dans l’exil sous le poids des souffrances !
Elle avait vu s’enfuir ses douces espérances,
Ses rêves de bonheur et ses illusions !
Dans son cœur était mort le feu des passions !
Son âme ressemblait à quelque solitude
Où l’étranger chemine avec inquiétude
N’ayant, pour se guider, dans ces lieux incertains,
Que les débris des camps, que les brasiers éteints.
Et tous les os blanchis que le soleil fuit luire.
Un vent de mort. Hélas ! soufflait pour la détruire !
Elle était le matin avec son ciel vermeil,
Ses chants mélodieux et son brillant soleil,
Qui tout à coup s’arrête en sa marche pompeuse,
Pâlit et redescend vers sa couche moelleuse.