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des lits de camp, une chaudière, quelques pots de terre pour faire des tisanes, des couis, voilà tout l’ameublement que j’ai remarqué dans tous ceux où je suis entré. Là, les pauvres malades, entassés pêle-mêle, sans distinction de sexe ni d’âge, sont soignés par quelques vieilles négresses sans pitié, à qui le despote confie une partie de son autorité.

Une fois entrés à l’hôpital, les malades n’en sortent que quand ils sont guéris. Souvent il n’existe même pas une petite cour où ils puissent respirer un air pur ; il en est où il n’y a pas d’autre ouverture que la porte. Un hôpital à nègres est donc un véritable cachot où ne règne qu’un air corrompu et infect, comme il est facile de le concevoir. Un esculape, à qui l’on donne une vingtaine de moëdes d’abonnement, vient avec gravité inspecter, deux fois chaque semaine, ce triste et dégoûtant réduit de la misère humaine. Il formule, et Dieu sait comme on est exact à suivre ce qu’il prescrit ! Souvent même, il a l’ordre de ménager la bourse du maître ; et puis certains habitants, et c’est le plus grand nombre, qui croient en savoir au moins autant que le docteur, parce qu’ils lisent couramment, changent, sans façon, son ordonnance. Enfin, on leur donne des médicaments ; et dans le fond, peu importe, peut-être, que ce soit telle