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ou telle substance. Mais souvent les médicaments ne suffisent pas pour ramener un malade à la santé ; un régime bien suivi, une bonne nourriture, font quelquefois plus de la moitié de la guérison, et pourtant un malade n’est pas mieux traité, sous ce rapport, que le nègre qui travaille. Aussi n’est-ce que quand il ne peut plus se soutenir, que le nègre demande à entrer à l’hôpital ; et à peine est-il convalescent qu’il demande à sortir, aimant mieux travailler et recevoir des coups de fouet que d’habiter plus longtemps un séjour si ennuyeux et surtout d’y être si mal soigné ; au moins trouve-t-il dans sa case de la paille de bananier pour se reposer.

Un habitant de ma connaissance prodiguait ses soins à un mulet malade. Je lui demandai, d’une manière à ne le pas offenser, pourquoi il n’en donnait pas autant à un malheureux esclave. La raison est simple, me dit-il, c’est qu’un bon mulet me coûte plus cher qu’un nègre. Je m’abstiens ici de toute réflexion ; celles que je pourrais faire ne manqueront pas de se présenter en foule à l’esprit du lecteur.

Les esclaves sont très-mal vêtus, et l’étranger qui aborde pour la première fois dans les colonies,