Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 20 —

cette île. À peine fûmes-nous parvenus à la hauteur des Roseaux, capitale et séjour du gouvernement de cette colonie, que nous trouvâmes un calme plat. Nous restâmes devant la rade, tout le reste du jour, sans pouvoir avancer. Le capitaine qui espérait, en partant, arriver le soir à la Pointe-à-Pitre, s’était embarqué sans biscuits. Il convenait, en pareil cas, que je misse mes provisions en commun ; mais, n’ayant pas compté sur cette mésaventure, le calme, qui pouvait durer plusieurs jour de suite, ne laissait pas de m’inspirer quelques inquiétudes.

Ces bateaux caboteurs sont ordinairement commandés par des gens de couleur ; assez rarement par des blancs. Ces capitaines n’ont pour se conduire que la connaissance des côtes et de la manœuvre ; ce qui leur suffit, absolument parlant, puisqu’on ne perd point la terre de vue. L’équipage est composé de quelques esclaves. Ces bateaux n’offrent aucune commodité pour les voyageurs. Il n’y a qu’une très-petite chambre où l’on ne peut se tenir debout, et où trois ou quatre personnes, tout au plus, peuvent se mettre à l’abri. J’étais descendu dans cette espèce de boîte pour me soustraire aux ardeurs du midi. Là, assis sur un petit baril, je me disposais à lire quelques pages d’Horace, que je portais assez habituellement dans ma poche ;