Le capitaine, qui était originaire de cette île, n’étant point occupé, je lui faisais mille questions : il y répondait avec complaisance. Il m’entretint sur l’antique état de cette colonie. Il me montrait les différents quartiers qui offraient le plus de ressources à l’agriculture, ceux qui étaient le plus nuisibles à la santé ; m’indiquait les lieux escarpés et déserts où se retirent les nègres fugitifs ; me racontait les guerres que les habitants leur avaient faites, les difficultés qu’ils avaient éprouvées pour les chasser de leurs camps et les faire rentrer en partie dans l’esclavage. Il me dit qu’au pied, ou dans le flanc de certaines montagnes, on avait découvert d’immenses cavernes où étaient nés et où vivaient en paix, depuis de nombreuses années, plusieurs générations de ces malheureuses victimes de l’avarice des blancs.
Cependant, avec le soir, s’éleva un petit vent qui nous fut favorable et qui dura toute la nuit. Autant le jour avait été chaud, autant la nuit nous sembla fraîche. Je m’enveloppai dans mon carrick, je me couchai sur le pont et dormis paisiblement jusqu’au matin. Vers six heures, lorsque le soleil levant dorait l’horizon, nous nous trouvâmes devant la rade de la Pointe-à-Pitre. Nous avions, à notre droite, Marie-Galante, qui nous paraissait à