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Dans ces tristes conjonctures, je crus qu’il était prudent, pour prévenir le mal, d’avoir recours à la purgation. Deux grains d’émétique, et le lendemain soixante-douze grains de jalap, m’évacuèrent assez copieusement, et soit qu’ainsi je me sois garanti du terrible fléau, soit que, par une faveur toute particulière, la Providence ait daigné me protéger ; lorsque mes compatriotes et autres tombaient autour de moi, toujours est-il que j’eus le bonheur d’échapper à cette dévorante contagion qui semblait vouloir, dans sa course, dévorer l’humanité entière.

Je n’osais sortir de mon appartement, tant mes craintes étaient vives. J’avais chargé le nègre qui me servait de m’avertir dès qu’il y aurait une occasion pour la Basse-Terre. Le 19, au matin, il me vint dire qu’une petite goëlette allait mettre à la voile et partir. Vite, je fermai mes malles et m’embarquai, content de quitter un séjour qui pouvait m’être funeste. On leva l’ancre à dix heures du matin. Le temps était beau, la mer très-peu agitée, mais le vent très-faible. Nous n’allâmes que très-lentement. Nous remontâmes, avec peine, le canal des Saintes ; arrivés sous le Wellmont, groupe de montagnes dont je parlerai dans la suite, nous ne pûmes plus avancer, faute de vent. Cependant, comme nous n’étions pas fort éloignés de la Basse-