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beaucoup de quartiers, on trouve un billard, et ce n’est pas le lieu le moins fréquenté par messieurs les créoles.

J’ai dit que les habitations sont situées sur les terres de chaque habitant, donc elles sont éparses et, autant que les localités le permettent, bâties au centre de chaque propriété, presque toujours sur des éminences. La maison de maître occupe le point le plus élevé, elle est précédée par une savane ; les cases à nègres et les usines sont sous le vent, c’est-à-dire à l’ouest de la maison de maître, afin que, si un incendie venait à s’y manifester, la maison n’en fût atteinte ; les cases à nègres sont rangées sur une ou plusieurs lignes, ce qui figure une ou plusieurs rues ; et sur les grandes habitations, elles offrent l’aspect d’un village couronné par le château du seigneur. Là, le créole est souverain, on n’y connaît pour lois que sa volonté ; d’un seul regard il fait trembler tout son peuple, et, chose étonnante, la justice, qui partout ailleurs exerce son empire sans exception, et qui va même jusque sur le trône interroger les rois, la justice ne saurait atteindre l’habitant créole ; son indépendance est absolue ; chez lui, il se rit du pouvoir comme il brave les foudres de la justice ; il n’a à redouter ni visites domiciliaires