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Or, quiconque connaît un peu les hommes sent qu’en pareil cas il est bien difficile que ces déclarations soient sincères ; et j’ai plus d’une raison pour croire qu’en effet elles ne le sont jamais ; d’ailleurs, cette foule de nègres nouveaux qu’on y introduit journellement, comment les déclarer sans provoquer les rigueurs d’un gouvernement sage, qui défend formellement la traite, comme un outrage fait à la nature et comme une violation des saintes lois de l’humanité.

Tout le monde ne sait ce qu’on entend par gens de couleur : il est bon de le faire connaître. Ce ne sont pas seulement les noirs qu’on nommé ainsi, mais encore toute personne née soit immédiatement soit médiatement du commerce impur d’un blanc et d’une femme noire. Dans cette race, on remarque une infinité de nuances différentes, et, par un assez petit nombre de générations, la couleur noire disparait tout à fait ; j’ai vu des quarteronnes qui rivalisaient de blancheur avec les plus belles créoles ; et combien, à la Guadeloupe même, la fortune et le temps en ont-ils fait passer de cette classe dans celle des blancs !

Les gens de couleur, dans cette dernière acception, font peut-être les trois cinquièmes de la population, triste effet d’un libertinage effréné.