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Sur le point le plus élevé du volcan, on prendrait aisément l’île tout entière pour une seule montagne. Quel riche tableau s’offre là aux regards surpris de l’amant de la nature ! Si, comme sur les cimes imposantes et terribles du Cotopaxi, du Chimborazo, du mont Blanc et du Sulitelma, on ne voit pas, sous soi, se former les orages et les tempêtes, si l’on n’entend pas le tonnerre gronder sous les pieds, si l’on ne se trouve pas suspendu entre une mer de nuages, sillonnée par des éclairs, et cette voûte immense où roulent avec pompe des globes de feu, cette scène n’en a pas moins un caractère grand et sublime, bien propre aussi à remplir l’âme des plus nobles pensées et à la conduire aux plus profondes méditations. Essayons d’en donner une idée.

Tout ce qu’on m’en avait dit m’avait fait concevoir le projet d’aller moi-même en jouir ; pour cela, je choisis un des plus beaux jours du mois d’avril, époque de l’année la plus favorable pour voyager dans l’intérieur. J’étais accompagné d’un ami et d’un guide ; l’aurore commençait à peine à paraître, que déjà nous étions sur un des pitons de la Soufrière. Le ciel était sans nuages, les étoiles brillaient encore d’un vif éclat. L’air était frais et tranquille, tout reposait dans un morne silence que notre voix seule pouvait rompre. Pas une