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diversement cultivées, des torrents qui fuyaient par mille détours ou se précipitaient en cascades ; cent fumerolles différentes par où s’exalait, du soin du volcan, une fumée plus ou moins abondante ; tantôt de légers nuages blancs qui flottaient dans l’atmosphère nous dérobaient une partie de cette scène magnifique, et tantôt, enveloppés nous-mêmes dans un de ces nuages, nous ne voyions plus que l’affreux désert où nous étions élevés, à la vue de tant et de si grandes beautés, toutes nouvelles pour moi, mon âme tout entière était comme abîmée dans une muette extase. Je ne pouvais m’arracher à la douce contemplation de ces objets sublimes.

Toi qui fus si sensible aux charmes de la nature, ô Virgile de la France, ô sage et immortel Delille ! que n’étais-tu là ; cette image était digne de ta muse éloquente ! Avec quel feu, quel coloris, quelle noblesse tu eusses rendu cette scène ravissante !

Il est une foule d’autres points, sur l’étendue de la Guadeloupe, qui, sans offrir autant de pompe et de magnificence, développent cependant de grandes beautés. Ces scènes ne sont ni aussi vastes ni aussi variées ; mais elles ont toutes un caractère qui agit bien puissamment sur l’âme, quoiqu’en général elles offrent un aspect plus sauvage.