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que nos prairies sont émaillées dans le printemps de mille et mille fleurs de couleurs et de nuances différentes, une savane n’offre constamment qu’un beau tapis vert, et voici très-probablement la raison de cette différence ; nous laissons croître les herbes de nos prairies pour les moissonner quand un soleil brûlant les a desséchées, et les réserver pour la triste saison des frimas, où la nature ne dispense plus ses dons que d’une main avare. Dans les régions équatoriales où l’on jouit d’un été perpétuel et où la végétation déploie toujours avec la même vigueur ses richesses infinies, les habitants n’éprouvent pas le même besoin. Leurs divers troupeaux pâturent, en tout temps, dans les savanes. Cependant, je doute que, dans le même cas, elles offrissent beaucoup de fleurs, parce qu’on n’y voit que des graminées.

J’ai dit plus haut que chaque habitation est précédée d’une savane. On ne met ordinairement dans cette savane que les bestiaux malades ou fatigués, mais tout habitant qui possède de nombreux troupeaux a d’autres savanes beaucoup plus vastes, situées sur des terrains qu’on ne peut cultiver, sur des plateaux de difficile accès, sur le penchant d’un morne ou dans le voisinage des grands bois, et c’est là que les nègres pasteurs vont