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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/82

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sont inhabitables. Ces montagnes et tous leurs environs sont couvertes de grands bois aussi vieux, pour ainsi dire, que le terrain qui les porte.

Ces bois ne ressemblent en rien à nos forêts. Les arbres y sont beaucoup plus gros ; beaucoup plus élevés, beaucoup plus serrés. Dans certains endroits, ils forment des massifs tout à fait impénétrables ; leurs sommets se touchent, s’entrelacent et forment un voile épais que les rayons des plus beaux jours ne peuvent pénétrer. De grosses et fortes lianes qui montent, en formant des spirales, autour du tronc, lient si bien ces sommets réunis, qu’elles traversent dans tous les sens, que la hache du bûcheron couperait le pied d’un de ces arbres qu’il ne tomberait pas. Ces lianes redescendent souvent du sommet des arbres jusqu’à terre. J’en ai vu quelquefois qui étaient sèches ; je prenais plaisir à les frapper avec ma canne ; elles tombaient comme une pluie, en myriades de petits fragments et faisaient entendre mille éclats qui se prolongeaient dans tous les détours.

Sous l’ombre de ces grands végétaux croissent des arbrisseaux différents chargés d’aiguillons qui rendent le passage bien difficile, et souvent impossible ; et ce n’est qu’un coutelas à la main qu’on