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Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/132

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La Duchesse.

Ah ! cher comte !

Le Roi.

Ô fils ingrats ! que nous demandons au ciel avec tant d’instances et qui souvent ne naissez que pour notre honte !… Heureux ceux qui gardent les troupeaux dans la plaine, et qui peuvent en une telle disgrâce ne suivre que la loi de leur fureur !… Hélas ! n’étant pas libre de me venger, je n’ai plus qu’à mourir !… — Achève, messager de mort, ce triste récit. En quel lieu l’infant a-t-il tué le comte ?

Rufino.

Sur la place qui est devant le château. D’un côté est le corps du défunt et de l’autre sa tête.

La Duchesse.

Je succombe !

Rufino.

L’instrument du crime, une épée ensanglantée est auprès du cadavre, qui gît sur un drap noir.

La Duchesse.

Ô prince impitoyable !…ô comte chéri ! écoute du haut des cieux mes plaintes et mes gémissemens !

Rufino.

Quel amour que le sien !

Le Roi.

Elle ne pourra plus l’oublier.

La Duchesse.

Ô comte adoré ! je vais te voir une dernière fois, afin que la vue de ton sang m’inspire ma vengeance.

Le Roi, à Rufino.

Retiens-la.

Rufino.

Attendez, madame.

La Duchesse.

Laissez-moi.

Le Roi, à Rufino.

Retiens-la donc.

Rufino.

Un moment, madame.

La Duchesse.

Ô ciel ! justice ! justice !

Elle sort.
Le Roi.

Pourquoi ne l’as-tu pas retenue ?

Rufino.

Cela m’a été impossible. N’avez-vous pas vu la fureur qui l’animait ?