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LE CHIEN DU JARDINIER.

Fabio.

Il a éteint la lampe en jetant dessus son chapeau, puis il a couru de plus belle : arrivé sous le portail, il a tiré son épée, et puis je ne l’ai plus vu.

La Comtesse.

Vous n’êtes qu’une poule mouillée.

Fabio.

Que vouliez-vous donc que je fisse ?

La Comtesse.

Il fallait n’avoir pas peur, — l’atteindre et le tuer.

Fabio.

Si c’eût été un homme comme il faut, on risquait de vous compromettre.

La Comtesse.

Un homme comme il faut qui serait venu ici la nuit !

Fabio.

N’y a-t-il donc personne à Naples qui vous aime ? Et un homme qui aspire à votre main ne doit-il pas chercher tous les moyens de vous voir ? N’y a-t-il pas mille seigneurs que le désir de s’unir à vous rend éperdus d’amour ? — Et, en effet, vous, madame, vous dites que vous lui avez vu un manteau brodé d’or, et Fabio l’a vu coiffer la lampe de son chapeau.

La Comtesse.

En effet, ce pourrait bien être quelque noble cavalier qui, par amour, aura cherché à séduire les gens de ma maison !… On aurait là, il faut l’avouer, une haute opinion de la fidélité de mes domestiques !… Mais je saurai qui c’est. Son chapeau était garni de plumes. Qu’on aille me le chercher : il doit être resté sur l’escalier.

Fabio.

Pourvu que je le retrouve !

La Comtesse.

Croyez-vous donc, imbécile, qu’on soit revenu le chercher ?

Fabio.

Permettez, madame, que j’emporte le flambeau.

Il sort.
La Comtesse.

Je saurai qui m’a ainsi trahie, et une fois les coupables connus, pas un ne restera chez moi.

Octavio.

Vous ferez bien, certes, puisqu’on a osé troubler votre repos. Mais bien que j’aie tort, surtout en ce moment, de toucher un sujet qui vous déplaît, je dois vous le dire, madame, c’est votre obstination à ne pas vous remarier qui cause toutes les folies que font ceux qui voudraient vous engager à vous déclarer en leur faveur.