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JOURNÉE I, SCÈNE I.

rez donc, sot que vous êtes ! courez au plus vite, et voyez quel est l’homme qui vient de sortir du salon.

Fabio.

Du salon ?

La comtesse.

Marchez, et répondez en obéissant !

Fabio.

J’y cours.

La comtesse.

Sachez qui c’est. (Fabio sort.) Vit-on jamais pareille trahison ?


Entre OCTAVIO.
Octavio.

Bien que j’aie entendu votre voix, je ne pouvais croire que ce fût votre seigneurie qui appelât à une heure aussi avancée.

La comtesse.

Vous avez une tranquillité admirable !… Vous vous couchez de bonne heure, vous vous levez à votre aise, et puis vous courez tout doucement. Des hommes pénètrent dans ma maison et presque dans mon appartement, car je les ai entendus comme s’ils y étaient (je ne puis concevoir une telle insolence), et vous, en digne écuyer, tandis que je me désespère, vous m’écoutez froidement, bouche béante !

Octavio.

Comme j’avais l’honneur de le dire à votre seigneurie, je ne croyais pas que ce fût elle qui appelât à cette heure-ci.

La comtesse.

Retournez-vous-en ; on nous aura entendus… Et d’ailleurs vous pourriez prendre mal.

Octavio.

Mais, madame…


Entre FABIO.
Fabio.

Je n’ai rien vu de tel : il a fui comme un oiseau.

La comtesse.

Avez-vous reconnu ?

Fabio.

Quoi donc ?

La comtesse.

Le manteau brodé d’or qu’il portait.

Fabio.

Quand donc ? lorsqu’il descendait l’escalier ?

La comtesse.

En vérité ! les hommes de ma maison feraient d’excellentes duègnes !