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Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/167

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JOURNÉE I, SCÈNE II.

Anarda.

Est-ce qu’elle sait tout ?

Marcelle.

Oui, et elle approuve mon amour.

Elles saluent et sortent.
La Comtesse.

Mille fois j’ai remarqué la figure, la grâce et l’esprit de Théodore ; et sans la distance que la naissance a mise entre nous, j’aurais aimé ses talents et son mérite. — L’amour donne des lois à toute la nature ; mais mon honneur passe avant tout ; je respecte ce que je suis, et avoir de telles pensées est à mes yeux une honte. — La jalousie, je le sais, me restera ; et en effet, si l’on peut envier le bonheur d’une autre, je n’ai que trop de quoi m’affliger. Ô Théodore ! que ne peux-tu t’élever pour t’égaler à moi, ou que ne puis-je m’abaisser pour devenir ton égale !

Elle sort.



Scène II.

Un autre salon.


Entrent THÉODORE et TRISTAN.
Théodore.

Il m’a été impossible de reposer.

Tristan.

Je le comprends bien ; car vous êtes perdu si l’on découvre ce que c’est. Je vous disais bien, moi, qu’il était temps de vous retirer ; mais vous n’avez pas voulu m’écouter.

Théodore.

Il est si difficile de résister à l’amour !

Tristan.

Vous allez toujours sans regarder.

Théodore.

C’est ainsi qu’on réussit.

Tristan.

Il vaudrait mieux, avant de faire un pas, bien sonder le terrain.

Théodore.

Est-ce que la comtesse m’aura reconnu ?

Tristan.

Oui et non. Elle n’aura pas su qui vous étiez, mais peut-être le soupçonne-t-elle.

Théodore.

Lorsque Fabio s’est mis à ma poursuite dans l’escalier, j’ai failli lui passer mon épée à travers le corps.

Tristan.

Avez-vous vu comme j’ai lestement éteint la lampe avec mon chapeau !