Monseigneur, si je vous ai porté cette nouvelle, c’est que Théodore m’en a chargé de la part de madame.
Tout ceci, marquis, ce sera quelque maladresse de Théodore. Il m’a entendue vous vanter, vous préférer à Frédéric, qui est mon parent, et de plus, d’un rang et d’un mérite qui ne sont pas à dédaigner ; et sur cela il se sera imaginé que j’acceptais votre main. Veuillez, je vous prie, excuser ces étourdis.
Vous l’exigez, il suffit ; mais qu’ils se félicitent l’un et l’autre de la protection que vous leur accordez. Adieu, madame ; je ne vous en suis pas moins reconnaissant de votre bienveillance à mon égard, et j’espère que ma constance triomphera un jour de vos refus.
Voilà pourtant, nigaud, comme vous avez failli me compromettre !
Ce n’est pas contre moi que votre seigneurie devrait se fâcher.
Appelez Théodore. (À part.) Cet ennuyeux marquis choisissait bien son temps… au moment où je meurs de jalousie !
Adieu mon cheval et les mille écus !
Que me veux-tu donc, amour ? que me veux-tu ? N’avais-je pas oublié déjà Théodore ?… Non, je ne l’avais pas oublié, et ma froideur n’était qu’une apparence. — Ô jalousie ! combien tu es puissante sur le cœur des femmes ! c’est par toi qu’elles souffrent, c’est toi qui renverses toutes les barrières que peuvent garder notre vertu ! — J’aime un homme à qui les lois du monde m’interdisent de donner mon amour, parce que je ne puis l’épouser. Je l’aime, et ne pouvant l’épouser, ne risqué-je pas les plus grands périls ?
Oui, mon cher, il voulait me tuer. Mais, à vous dire la vérité, ce que je regrette le plus, ce sont les mille écus.
Voulez-vous un bon conseil ?
Tout de suite.
Le comte Frédéric se désespère de ce mariage. Allez lui annoncer