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LE CHIEN DU JARDINIER.

Théodore.

Sans doute.

La Comtesse.

Où est votre mouchoir ?

Théodore.

Le voilà.

La Comtesse.

Montrez-le.

Théodore.

Pourquoi ?

La Comtesse.

Je le veux[1]. Vous irez trouver Octavio, Théodore. Je viens de lui ordonner de vous compter de ma part deux mille écus.

Théodore.

Dans quel but ?

La Comtesse.

Pour acheter des mouchoirs.

Elle sort.
Théodore.

Eh bien, tu as vu ?

Tristan.

Ce sont des enchantements.

Théodore.

Elle me donne deux mille écus.

Tristan.

À ce compte, moi, je recevrais volontiers une douzaine de soufflets.

Théodore.

C’est, dit-elle, pour des mouchoirs, et elle a emporté le mien teint de sang.

Tristan.

Justement, c’est votre sang qu’elle vous paye[2].

Théodore.

Il paraît que le chien du jardinier caresse après avoir mordu.

Tristan.

Tout cela finira comme l’histoire de mon docteur.

Théodore.

Que le ciel t’entende !

  1. Mot à mot : « Parce que je veux (ou j’aimeà ce sang. » Le verbe querer a en espagnol une double signification, aimer et vouloir.
  2. Pagó la sangre y te ha hecho
    Doncella por las narices.

    Allusion au présent que l’on faisait à la mariée le lendemain des noces, et que les Allemands appellent le morgen blad. Cet usage avait probablement été introduit en Espagne par les Goths.