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JOURNÉE III, SCÈNE V.


Entrent RICARDO et FRÉDÉRIC.
Ricardo.

Eh quoi ! comtesse, au milieu de tous ces changements et de toutes ces réjouissances, vous ne faites point part à vos amis…

La Comtesse.

Je suis prête à vous faire part avec plaisir de tout ce que vous demanderez.

Frédéric.

Nous espérions que vous nous auriez appris vous-même la bonne fortune survenue à votre ancien secrétaire.

La Comtesse.

Eh bien, félicitez-moi tout à la fois de ce que Théodore est comte et de ce qu’il est mon époux.

Elle sort.
Ricardo.

Eh bien, qu’en dites-vous ?

Frédéric.

J’en perds la tête.

Ricardo.

Ah ! si le drôle avait tenu sa promesse.

Frédéric.

Le voici.


Entre TRISTAN.
Tristan

Tout va à merveille ; et voilà comme le génie d’un laquais peut mettre sens dessus dessous toute une ville.

Ricardo.

Hector, ou qui que tu sois, un moment, s’il te plaît.

Tristan.

Mon véritable nom est : Mort-à-tous.

Frédéric.

Il y paraît bien.

Tristan.

Eh ! ma foi, s’il n’était devenu comte, il y passait avant ce soir.

Ricardo.

Comte ou non, qu’importe ?

Tristan.

Lorsque je consentis à m’arranger avec vous moyennant trois cents écus, il s’agissait de tuer Théodore domestique, et non pas de tuer Théodore comte. — Or, un comte c’est autre chose, et le prix doit augmenter ; car il est bien différent de tuer un comte ou même une demi-douzaine de domestiques qui meurent les uns de faim, les autres d’ennui, et la plupart d’envie.

Frédéric.

Combien te faudrait-il pour le tuer avant ce soir ?