JOURNÉE TROISIÈME.
Scène I.
Le ciel sait, comte, à quel point m’est précieuse l’affection de ma mère.
Sire, je respecte vos motifs. Vous montrez en tout votre incomparable vertu.
Ma mère, il est vrai, m’a causé beaucoup de chagrins ; mais enfin elle n’en est pas moins ma mère.
Tu peux avancer.
Je vois, Pélage, celui à qui j’ai donné toute mon âme. Je vois ce soleil castillan, ce Trajan généreux, cet Hercule chrétien, ce César espagnol.
Moi je n’entends rien à l’histoire ni à toutes ces litanies ; mais je vois dans ses mains beaucoup de raies qui sont autant de signes de victoires. Va vers lui, prosterne-toi à ses pieds, et baise sa puissante main.
Souverain empereur, invincible roi de Castille, permettez-moi de baiser vos pieds, sous lesquels on verra bientôt, j’espère, Grenade et Séville. — Me reconnaissez-vous ?
Tu es, si je ne me trompe, ce Galicien qui vint dernièrement me demander une grâce.
C’est moi-même.
Rassure-toi.
C’est bien malgré moi, sire, que je reviens vous importuner,