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Dulcan.

Eh bien, avez-vous encore entendu ?

Tapirazu.

Le bruit vient du côté de la mer.

Une voix.

Au nom de Dieu !

Les Espagnols.

Holà ! oh !

Dulcan.

Ô ciel ! qu’est ceci ?

Une voix.

Sainte Marie !

Les Espagnols.

Holà ! oh !

Une voix.

Saint Jean !

Les Espagnols.

Holà ! oh !

Dulcan.

C’est ce jour que nos aïeux avaient annoncé.

Une voix.

Saint Pierre !

Les Espagnols.

Holà ! oh !

Colomb.

Terre ! terre !

Dulcan.

D’où viennent ces tonnerres et ce bruit sinistre ? En quoi t’ai-je offensé, Ongol ?


Entre AUTÉ.
Auté.

Ô vaillant cacique ! gardien et protecteur de cette île, tourne les yeux vers la mer, et tu y verras trois maisons… Ce sont des maisons en apparence, mais en réalité des êtres vivants, qui, enveloppés dans de vastes linges, cheminent sur les eaux. Dedans sont des hommes qui ont sur le visage comme sur le dessus de la tête des cheveux et des poils. Les uns se saisissent de cordes, au moyen de quoi ils soulèvent les linges, et les autres poussent des cris, afin que leurs maisons les entendent. L’air joyeux et animé, ils s’embrassent les uns les autres, et quelques-uns même sont descendus à terre, où je les ai vus sautant et dansant. Ils ont le corps coloré ; ils n’ont la peau blanche qu’au visage et aux mains. Dans leurs mains ils tenaient des bâtons d’où s’échappait par moments de la flamme et de la fumée avec un grand bruit. Cela m’a laissé sans parole… Je n’ai rien pu comprendre à leur langage, bien qu’à tous moments ils répétassent Dieu, Vierge, et terre, qui sont sans doute