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Técué.

Et puis ces cheveux sont plus longs que les nôtres. Ils tombent presque à terre.

Dulcan.

Allons, arrachons ce bois, qui est planté là sans doute pour amener jusqu’ici leurs maisons.

Ils entourent la croix et vont la saisir, lorsqu’on entend une décharge de mousqueterie. Ils tombent à terre pleins d’effroi.
Dulcan.

Ah !

Técué.

Je me meurs.

Dulcan.

Dieu, ou qui que tu sois, aie pitié de nous. (Aux Indiens.) Frappons-nous la poitrine.

Tapirazu.

Est-ce donc ainsi, Ongol, que tu veux nous détruire ? (À la croix.) Bois saint et charmant, si tu es par aventure l’image d’un Dieu puissant irrité de notre outrage, pardonne, car voici que nous t’adorons !

Dulcan.

Nous voilà agenouillés devant ta majesté, ô bois plus beau et plus suave que l’odorant cinnamome ! ô bois digne que le phénix te choisisse pour mourir et pour renaître ensuite plus brillant de ta flamme parfumée !

Técué.

Arbre maintenant dépouillé, si tu prends pitié de notre repentir, puisses-tu bientôt, s’il te plaît ainsi, te voir chargé de branches et de fruits !

Auté.

Plante chérie du soleil, ne tonne plus une autre fois, et puisse au printemps ta cime verdoyante s’élever jusqu’au ciel !

Dulcan.

Adresse-lui, toi aussi, une prière, ô ma bien-aimée ; car les rochers mêmes ne sont pas insensibles aux prières d’une femme, surtout quand elle est belle.

Tacuana.

Accorde-nous notre pardon, arbre sacré, et puisse de ton écorce couler une liqueur bienfaisante qui ait le privilége de guérir les blessures des hommes et de les ressusciter de la mort à la vie !


Entre PALCA.
Palca.

Que faites-vous là ? Levez-vous.

Dulcan.

N’est-ce point Palca ?