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mon frémit en perdant son royaume. Quel miracle plus surprenant que de voir ces hommes à demi brutes t’adorer dans un respectueux silence !

Colomb.

Demandez-leur s’il y a ici d’autres habitants.

Frère Buyl.

Par leurs signes ils répondent que oui.

Colomb.

Nous vous apportons la paix, mes amis.

Barthélemy, faisant des signes.

Comment se nomme cette terre ?

Dulcan.

Guanahami, Guanahami.

Colomb.

Ils ont vraiment beaucoup d’intelligence, et l’on pourrait s’en étonner. (Aux Indiens.) Y a-t-il plus loin une autre contrée ?

Dulcan.

Barucoa, Barucoa.

Colomb.

Ce doit être un grand continent.

Arana.

N’en doutez pas, illustre général. Jamais la puissance humaine n’avait accompli un tel exploit.

Colomb.

Je veux retourner en Espagne, en emportant d’ici ce que je trouverai. Durant mon absence je laisserai le commandement à mon frère, en qui j’ai toute confiance ; et ceux qui ne voudront pas revenir resteront avec lui.

Frère Buyl.

Tous, Colomb, seront charmés d’obéir à votre frère, car c’est un autre vous-même. Mais que pensez-vous emporter comme trophée ou comme échantillon du nouveau monde ?

Colomb.

C’est à quoi je songeais. — J’emmènerai dix de ces hommes, et en même temps j’emporterai les animaux et les oiseaux qu’on n’a pas en Europe.

Terrazas.

Vous ne l’ignorez pas, l’Espagne attend autre chose.

Colomb.

De l’or, veux-tu dire ?

Pinzon.

Justement.

Colomb, montrant de l’or à un Indien.

Avez-vous de cela ?

Terrazas.

Il a dit que oui !