Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/350

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Terrazas.

Tous les Espagnols le sont.

Tacuana.

Tu n’useras pas de violence à mon égard ?

Terrazas.

Jamais.

Tacuana.

Donne-moi la main[1].

Terrazas.

La voilà. (À part.) Serment d’amour n’est pas obligatoire. (Haut.) Partons.

Il sort avec Tacuana.
Arana.

Suis-je assez malheureux ! — Tous ici, jusqu’au dernier matelot, ont quelque amourette, et moi seul n’en ai pas, et je meurs d’ennui.


Entre PALCA.
Palca.

Espagnol, est-ce que Tacuana n’était pas ici tout à l’heure ?

Arana.

Oui, belle Palca. Tu la cherches donc ?

Palca.

Je ne suis sortie que pour cela. Dulcan s’est aperçu qu’elle avait disparu, et il fait retentir son palais de ses cris.

Arana, à part.

Il faut que cette femme soit à moi, dussent en enrager tous les Indiens. (Haut.) Que caches-tu dans ton sein, Palca ? Voyons.

Palca.

Je n’y ai point d’or.

Arana.

Ce n’est pas non plus ce que je désire. J’aime mieux ta poitrine charmante ; et je ne cherche point de l’or quand j’ai un trésor sous ma main.

Palca.

Tu n’aimes pas l’or ?

Arana.

Tu es l’or que j’aime.

Palca.

Eh bien ! alors tu auras tout l’or que tu voudras.

Arana, à part.

Jamais on n’a vu autant de facilité ; elles regardent un refus comme un déshonneur. Cela tient probablement à ce qu’elles vont toutes nues. (Haut.) Tu es donc à moi ?

Palca.

Je suis à tes ordres.

Arana.

Il faudrait que nos dames espagnoles fussent d’aussi bonne com-

  1. En signe de serment.