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Tapirazu.

Eh bien, nous sommes prêts.

Frère Buyl.

Alors partons. — Et répétez ce que dis : — Je crois en Dieu…

Tous.

Je crois en Dieu…

Frère Buyl.

… Le Père tout-puissant.

Tous.

Le Père tout-puissant.

Frère Buyl.

C’est en prononçant ces paroles qu’il vous faudra entrer dans l’église. (À part.) Seigneur, puisque vous les avez rachetés, remplissez-les de votre esprit ; et puisque vous avez donné votre sang pour eux, donnez-leur l’eau du baptême. (Aux Indiens.) Dites tous les mêmes paroles que moi sur mer comme sur terre.

Tapirazu.

De grâce, enseignez-nous.

Frère Buyl.

Notre Père qui êtes aux cieux…

Tous.

Notre Père qui êtes aux cieux…

Ils sortent.



Scène V.

À Guanahami.


Entrent DUNCAN, BARTHÉLEMY, PINZON et TERRAZAS.
Barthélemy.

C’est ainsi que je l’ai disposé. Mais, sache-le, dès que cette cérémonie s’accomplira, tes dieux impuissants seront chassés du temple ; car nos livres saints disent que Christ et Bélial, Dieu et le démon ne peuvent demeurer ensemble.

Dulcan.

Je te crois, je te respecte, Barthélemy, et je crains ton Dieu. Considère cependant que nous professons notre culte comme il nous a été transmis. Nos pères l’avaient reçu de leurs aïeux, et leurs aïeux l’avaient reçu de leurs prédécesseurs ; en sorte qu’il se perd dans la nuit des temps. Pour moi, certes, cela ne m’empêcherait pas de renverser Ongol, que vous appelez une idole, ni même de renoncer au Soleil, comme s’il n’était pas ; mais considère la coutume de mon peuple. Laisse qu’ils entendent cette messe, et que les habitants de Guanahami, de Hayti et des autres îles s’affectionnent peu à peu à ton Christ et à sa religion, et ensuite d’eux-mêmes, sans doute, ils jetteront à bas leurs idoles et demanderont d’adorer ce Dieu que tu dis si grand, si puissant.